Clin d’œil historique sur le réemploi

 La pratique du réemploi dans le bâtiment a existé à travers toutes les périodes de l’histoire, qu’elle soit visible ou non, organisée ou non.

   Dans l’Antiquité, nombre de villes sont massivement détruites volontairement ou non et reconstruites avec les éléments récupérés sur place, principalement par économie de moyens mais aussi pour des raisons politiques (preuve de force et de pouvoir). Contrairement à aujourd’hui où le réemploi est pratiqué pour des soucis plus écologiques, culturels, historiques que économiques. Les villes et même les édifices apparaissent ainsi comme le résultat d’une stratification : une accumulation de couches de matériaux et de composants dont il est souvent difficile de distinguer précisément les limites et l’origine; on définirait ça comme une réécriture de nouvelles histoires sur un support ancien.

  Les matériaux les plus ordinaires sont utilisés en grande quantité pour des ouvrages utilitaires, comme les fortifications ou les remblais. Les éléments les plus ouvragés, qui intègrent une forte valeur de main-d’œuvre, mais aussi une dimension stylistique et symbolique, sont soigneusement intégrés dans des architectures savantes. 

Cette pratique a été faite sur trois échelles

2-Eléments architectoniques

Ancien prieuré de la Trinité-Saint-Pierre-et-Saint-Paul

Marcigny en Brionnais conserve deux monuments roman de son passé monastique : l’ancien prieuré clunisien de la Trinité et l’église Saint-Nicolas.
Le premier fut fondé en 1056 par saint Hugues, abbé de Cluny. C’était un monastère important de religieuses moniales clunisiennes. L’enceinte du monastère englobait également une communauté de moines bénédictins, utilisant l’église Saint-Nicolas. Le prieuré fut démantelé, vendu et détruit à la Révolution.
L’ancienne priorale, dédiée à Saint-Pierre-et-Saint-Paul, fut presque entièrement détruite, plusieurs éléments architectoniques issus de ces destructions sont actuellement englobés dans les bâtiments de l’Hôtel de la Prieure du 18e siècle : un arc muré du bras sud du transept, converti en écurie, et des traces de voûtes sur deux niveaux de l’ancien narthex. La façade du bâtiment regroupe plusieurs réemplois de sculptures provenant du prieuré : un tympan, une statue, une colonne et plusieurs modillons et reliefs sculptés de personnages et d’animaux. 

bourgogneromane.com

La basilique Saint Marc de venise, l’un des monuments les plus emblématiques d’Italie du fait de sa monumentalité, sa beauté artistique et sa richesse architecturale grâce a ses décorations somptueuses notamment ses mosaïques en or couvrant une surface de  8 000 mètres carrés, ses marbres, ses sculptures et ses colonnes d’époque byzantine…

Les colonnes et les chapiteaux de la Basilique proviennent principalement de Constantinople (aujourd’hui Istanbul). Ils ont été pillés lors de la quatrième croisade et réutilisés dans la construction et la décoration de la Basilique. Leur intégration a contribuée à la création d’un mélange stylistique unique.

Cet élément architectural témoigne non seulement de l’histoire de la région, marquée par les croisades et les interactions entre l’Orient et l’Occident, mais aussi de l’importance de la Basilique Saint-Marc en tant que symbole de la richesse et de la puissance de la République de Venise à son apogée.