Nous avons vu lors de la précédente Miné’chronique que le réemploi de matériaux de construction peut avoir un impact très bénéfique sur les émissions de gaz à effet de serre.
Mais comment quantifier ces bénéfices ? Peut-on aller plus loin que de considérer les produits de réemploi comme ayant des émissions nulles (RE2020) ?

Au fil de cette chronique, nous allons calculer ensemble les émissions évitées par le réemploi de tuiles en terre cuite, best-seller Minéka !
Une méthode de calcul : l’Analyse de Cycle de vie
L’analyse de cycle de vie (ACV) permet de connaître les impacts d’un produit sur l’environnement pour chacune des étapes de son cycle de vie.
Ainsi, pour des tuiles neuves, l’ensemble des émissions de l’extraction du sable à la fin de vie sont prises en compte !
L’ACV commence par l’inventaire du cycle de vie (ICV), on repère tout ce qui est consommé et rejeté durant le cycle de vie (matières premières, ressources énergétiques, eau, déchets…).
Les impacts potentiels sur l’environnement sont ensuite calculés et classés par catégorie.
Ainsi, l’analyse du cycle de vie ne fournit pas uniquement un indicateur concernant le réchauffement climatique mais également des informations sur de nombreux autres impacts environnementaux, comme l’épuisement des ressources ou l’eutrophisation.
Comment récupérer les émissions de gaz à effet de serre sur une ACV ?
La première ligne d’un tableau ACV est celle de l’indicateur réchauffement climatique qui est directement donné en kg de CO2 équivalent !
Les valeurs indiquées correspondent aux émissions sur le cycle de vie d’une unité fonctionnelle (UF). Cette dernière comprend la durée de vie de référence du produit et la quantité observée.
Il ne reste plus qu’à multiplier les valeurs de l’ACV par la quantité étudiée !

“Assurer la fonction de couverture d’1 m² sur une durée de vie de référence de 100 ans”.
La base INIES
La base INIES est accessible à toutes et à tous, chaque fabricant·e (ou groupe de fabricant·e·s) peut y déposer une ACV vérifiée par un organisme indépendant.


D’après cette fiche, la fabrication est de loin l’étape la plus émissive. Cela s’explique par la forte consommation d’énergie durant la cuisson et le séchage des tuiles.
Malheureusement, tous les produits ne possèdent pas encore de fiche, il est donc souvent nécessaire de choisir la ou les fiche·s dont les matériaux se rapprochent le plus de ceux étudiés.
Calcul pour un matériau de réemploi

Pour calculer les émissions évitées grâce au réemploi, il faut déterminer quelles sont les étapes supprimées.
Le réemploi permet de ne pas avoir à traiter ni à éliminer le déchet (C3 et C4). De plus, le produit réemployé ne génère pas d’extraction de nouvelles matières premières, de fabrication ou de transport entre ces étapes (A1 à A4).
Pour calculer les émissions évitées, il nous suffit donc d’ajouter les indicateurs de réchauffement climatique donnés par l’ACV de la base INIES sur les étapes A1 à A4, C3 et C4.
Prenons un peu de recul

D’après cette méthode, 12 kg de CO2 équivalent seraient évités par le réemploi d’1 m² de tuiles.
Les ACV ont permis de mettre de mettre en avant la forte consommation des fours, les entreprises du secteur travaillent désormais sur leur optimisation des fours.
Cependant, il faut nuancer ces résultats :
- Les étapes ajoutées par le réemploi (reconditionnement, transport…) n’ont pas été prises en compte car on ne sait pas toujours ce que vont devenir les matériaux du stock !
- Il y a de nombreuses hypothèses dans les ACV. De plus, même si nous choisissons des fiches dont les produits sont les plus proches possibles de ceux réemployés, il reste une différence qui introduit une marge d’erreur.
Il reste de nombreux progrès à faire sur le calcul de l’empreinte environnementale des matériaux de réemploi. L’ensemble de la filière doit y travailler, notamment grâce au développement de la traçabilité.
Zoom sur le projet le Gas I




Le bureau d’études de Minéka a accompagné Alpes Isère Habitat et l’agence d’architecture Brenas Doucerain dans le réemploi de tuiles en couverture.
Issues de pavillons individuels, elles ont été diagnostiquées, déposées, testées, stockées pour être reposée en auvent de balcon et d’entrée de nouveaux immeubles.
Sur cette opération, c’est près d’une tonne de C02 qui a été évitée grâce au réemploi de tuiles en terre cuite.
Pour aller plus loin :
- Analyse de Cycle de vie d’un produit : https://www.inies.fr/inies-pour-le-batiment/lacv-produit/
- La base INIES et ses fiches : https://www.inies.fr/inies-et-ses-donnees/fdes-produits-de-construction/
- La méthode de calcul et son application pour la RE2020 : https://boosterdureemploi.immo/ressources/webinaire-carbone-et-reemploi/
- Les impacts environnementaux du réemploi dans le secteur de la construction : https://opalis.eu/sites/default/files/2022-02/FCRBE-booklet-01-environmental_impact-FR.pdf
- Quelques résultats : https://boosterdureemploi.immo/ressources/le-reemploi-de-materiaux-simples-et-ambitieux-pour-atteindre-les-seuils-lc-construction/

